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GIIRLS // TIME OF GLASS


Giirls dans la revue Persona
©Alex Bex

Rares sont ceux qui savent capturer l’atmosphère sombre et trébuchante de notre époque.

Le projet solo de Brice DELOURMEL aka GIIRLS en fait partie. Il revient avec un nouveau disque

TIME OF GLASS où il explore de nouvelles sonorités, plus denses, plus électrisantes et plus synthwave que jamais. Brice, également guitariste dans les groupes DEAD et FTR (EX-FUTURE) marque ici une volonté de se renouveler, mélangeant avec justesse son amour pour l'héritage post punk des 80’s et les rythmes innovants de 2024. L'évocation de groupes mythiques comme The Cure, Trisomie 21 mais aussi Kavinsky ou The Soft Moon n’est pas surprenante. Huit titres argileux qui vous scotchent au mur du son, faits d’une matière brute soigneusement façonnée. Un nouveau chapitre aussi âpre que réjouissant dans lequel nous aimons nous perdre.


On t'avait découvert il y a plus de trois ans, lorsque tu sortais le single Endless et ton album Far Reality, Que s'est-il passé depuis dans l'aventure Giirls ?

Ah oui, 3 ans déjà ! J’ai pu faire quelques concerts notamment avec des groupes que j’aime bien comme The KVB, SDH ou encore Modern Men. J’ai aussi découvert le monde des remixes. Prendre un morceau existant pour le réinterpréter, c’est vraiment cool ! Encore plus pour des groupes comme Supernova 1006, Dead ou encore Sydney Valette. 

Et finalement la composition du nouvel album fraîchement sorti le 13 septembre : Time of Glass.

Il s’est passé quasiment deux ans entre les démos, le mixage et la sortie sur les plateformes. Cela peut sembler long mais j’ai géré seul la production de cet album. J’ai tout composé et enregistré chez moi. Martin Baudouin (aka Welt Motors) s’est occupé du mix, François Vesin de la pochette et puis les trois featurings ont pris aussi du temps.

Et enfin j’ai produit les vinyles, je m’occupe de trouver des dates, de la promo… ça prend pas mal de temps si on veut essayer de faire un truc cool.


Quel était ton état d’esprit et tes attentes en attaquant la composition de ce nouveau disque ?

J’étais curieux et j’avais envie d’explorer de nouvelles manières de composer car je n’aime pas faire deux fois la même chose. La musique c’est un univers avec beaucoup de possibilités donc autant s’ouvrir, tester et continuer d’apprendre. 

Sur cet album, j’avais envie de pousser deux aspects que j’avais laissé un peu de côté sur le premier album : la voix et l’aspect électronique encore plus assumé.


D'où te sont venues tes envies d'aller un peu ailleurs musicalement parlant ? 

Commencer un nouvel album c’est toujours une espèce de bordel organisé. Il y a les idées que tu as au début qui se confrontent à la réalité lorsque tu te retrouves devant ton ordi avec ton matos. Je veux dire, qu’on peut partir avec une idée précise et finalement se retrouver avec un truc totalement différent. C’est la magie ! Ou c’est ce qu’on appelle aussi des accidents et c’est ce que je préfère. Quand tu te mets à enregistrer un truc, que tu bidouilles deux, trois trucs sans faire exprès et que tu te dis « putain ouais, c’est ça ! ». Je n’avais pas forcément pour ambition de faire un album synthwave, je pense que c’est surtout un mélange de pleins de choses que j’aime : les BO de film de SF, le rock dark des années 80/90, ou encore des sons que je peux entendre et qui peuvent me donner des frissons. 

Je crois que j’avais intimement envie de faire se rencontrer les Cure dans le film Drive avec The Soft Moon en invité.


Sur trois titres tu as invité des amis qui ont une énergie commune : Rendez-vous, Modern Men et Dead. Pourquoi eux en particulier ?

Comme j’avais envie d’ouvrir cet album aux voix, j’ai longuement essayé différentes choses et il faut que je me l’avoue à moi-même, je ne suis pas chanteur et je ne le serai jamais. J’ai donc fait le tour des amis qui ont aussi des groupes. 

Le premier feat qui a été évident pour moi a été celui avec Quentin de Modern Men. Je me souviens l’avoir contacté avec une démo et lui dire « je verrais bien un chant à la Cure » et en 10min il avait trouvé cette ligne de voix sur Fears, qui est superbe. D’ailleurs on a fait un super clip avec Thomas Richard de nuit en forêt, c’était assez mystique. Le calme, le son, les ombres… Je l’ai vécu comme un gosse qui part à l’aventure.

Le second feat fut avec Francis de Rendez-vous car j’imaginais bien sa voix des premiers EP sur une de mes chansons et puis il est venu avec un truc totalement différent, c’était parfait. Avec sa voix, Asylum for Evil a ce côté distant, désenchanté que j’adore. On a également fait un clip avec Mathieu Foucher au Sample à Bagnolet. On avait envie d’avoir un truc plus brut, de nuit également car axé sur des projections. Le rendu est vraiment impeccable !

Et le dernier feat, avec Berne avec qui je joue dans Dead. Cela me semblait logique de le faire participer.


Giirls dans la revue Persona
©Alex Bex

As tu un sentiment d'appartenance avec cette grande famille musicale et avec quel autre groupe ou artiste te sens-tu le plus connecté artistiquement ? 

Je n’ai pas la sensation d’appartenir à une grande famille musicale mais je nourris plein de choses : les groupes dans lesquels je joue, les groupes d’amis, la scène, les concerts, les vidéos de matos, les gens avec qui je partage des concerts... Je dirai que c’est un mélange de tout ça. Je suis plus spectateur qu’un membre à part entière d’une famille musicale. J’ai surtout la sensation d’être dans mon coin à faire mon bazar.


Il y a une résonance prégnante avec un mimétisme presque mystique à la Cure, sans pour autant chercher à en plagier l’essence. Je connais ton admiration pour ce groupe. Pour autant, cette recherche est-elle une forme d'hommage ou plutôt une façon de réinventer les émotions que tu ressens au fond de toi ?

Il y a quelques éléments sur mon album qui forment mon petit hommage pour ce groupe mythique et c’est pleinement assumé. D’ailleurs je ne vis pas du tout cette comparaison comme une critique mais plutôt comme un énorme compliment. Leur musique est tellement forte et intemporelle. Je me souviens encore du premier vinyle des Cure que j’avais acheté à Rock in Bones (Rennes), j’avais environ 17 ans et c’était The Head on the Door. Je l’écoute encore souvent en boucle, même si Pornography, Seventeen Seconds et Disintegration restent également mes albums préférés. Picture of You  sur Disintegration… quelle pépite ! Il y a aussi des références à d’autres groupes comme Trisomie 21, Q Lazzarus, New Order, The Soft Moon, Kavinsky mais aussi des choses moins populaires comme Some Embers, Cosmetic, Buzz Kull… Mais de manière générale, comme tu l’as évoqué, c’est surtout un mélange d’émotions et de références musicales.


Capturer la nature sombre et introspective du post-punk en y ajoutant cette touche hyper actuelle contemporaine, surtout sur Illness, c'est simplement génial. 

Ah, c’est un super comme retour, merci beaucoup !


Tu enchaînes la sortie de Time of Glass avec quelques dates à Paris, Angers, Rennes. Hormis le timing parfait pour une première partie avec la bande de Robert Smith, quel serait le lieu où tu rêverais de pouvoir jouer tes compositions ? 

Une première partie avec les Cure, je n’y avais pas pensé, je note ! Venant du rock, je dirais un Levitation à Austin (ou même Angers), ça serait super. 


Stéphane Perraux



Giirls dans la revue Persona

Time of Glass, paru le 13 septembre 2024

(Mixé par Welt Motors, Masterisé par Sydney Valette Cover de François Vesin & GIIRLS)





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