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La Poison // Décadanse Générale


©Christophe Crénel

Après une mise au vert forcé (pandémie oblige), le trio venu du futur pour nous mettre un bon coup de pied au derrière et ainsi éveiller en nous notre envie d'exubérance joyeuse, est de retour, et c'est une excellente nouvelle à bien des égards. Souvenez-vous, humains, amnésiques que vous êtes, que le futur est déjà à notre porte avec son lot de perspectives catastrophiques, heureusement La Poison a refait le déplacement depuis 2169 avec sa pop n’garage, futuriste, fantasque et leurs silhouettes verdoyantes délirantes façon "Cramps". Ovni hypertonic, mais pas toxic, Moon, David, et Daniel, chargés à bloc d'une énergie positive, pour scander à ceux qui veulent bien entendre déraison, leur nouveau slogan ravageur Décadanse Générale. Sans doute pour affirmer qu'ils détiennent toujours la recette secrète délicieusement contagieuse 100% anti-morosité qui nous avait déjà fait tourner la tête en 2019. Assurément c'est bien là un opus tendance punk rock électro-chimique en français dans le texte où s’entremêlent amour, dérision et rock ‘n roll tubesques. 


Il y a une question qui me taraude depuis la première fois que je vous avais vu en live à l’ubu en 2019. Pourquoi vous vous maquillez ainsi ? 

L'idée nous est venue d'un spectacle que nous avions créé en 2006, qui s'appelait LE MAXI MONSTER MUSIC SHOW. C’était un spectacle sur le monde du Freak Show. Nous avons tourné pendant à peu près 9 ans. Nous étions 7 musiciens : il y avait la femme tronc, l'homme fort le plus petit du monde, l'homme mi-homme mi-femme. Moi j'étais la maîtresse de cérémonie toute en tenant le role de la femme à barbe. C’était un spectacle costumé, époque 1900 dans le style vieux cirque, foire. Quand on faisait ce spectacle, on jouait beaucoup dans les théâtres où tout le monde était assis, c'était une super expérience. On s'est vachement amusés. Par la suite avec David (le batteur du groupe), nous avions eu l’envie de revenir à quelque chose de plus rock'n'roll, de plus sanguin, de plus sauvage, tout en gardant l’idée des déguisements. En fait, ce qu'on aimait dans l’aspect costume et maquillage c’était qu'on pouvait se surprendre, se dépasser, en incarnant des personnages. Ainsi on peut aller plus loin, on peut chercher plein de choses différentes. 


N'y a-t-il pas trop de contraintes à être maquillée sur scène ?

C'est un peu contraignant en effet. Surtout pour David et Daniel, ils sont tout en vert, donc les draps s'en souviennent comme on dit (rire). Mais voilà ça nous amuse, et je pense qu'il n'y en a pas beaucoup qui le font. Ça se faisait beaucoup dans les années 70, avec le glam rock par exemple. Ziggy Stardust,  j'ai toujours trouvé ça super beau, et hyper intéressant.


©Christophe Crénel

Cela vous permet aussi d'une certaine façon de vous désinhiber sur scène ?

Bien sûr, c’est idéal pour se détacher complètement du réel. D'ailleurs souvent quand les gens me voient sur scène et me voient hors scène, déjà bien sûr ils ne me reconnaissent absolument pas physiquement, mais aussi ils sont très étonnés parce que je suis plutôt quelqu'un de timide, calme, posé dans la vie. Sur scène je suis carrément l'opposé (rire).


Comme tu l'as évoqué tout à l'heure, est-ce que ça vous a permis aussi d'aller plus loin dans la création de votre univers ?

Évidemment, parce que quand tu décides de monter un projet comme ça et de créer un univers, les idées foisonnent. On a choisi d’incarner des migrants de 2169. Ce monde du futur est catastrophique, heureusement on a réussi à s'en échapper pour revenir à aujourd'hui et vous mettre en garde contre le futur. 




J'ai remarqué justement, que dans vos chansons il y a beaucoup de messages que vous faites passer avec un côté satirique ? 

Avec humour, dérision, en effet on envoie des messages parfois frontaux, mais toujours de façon décalée. Il y a quand même des messages qu'on arrive à balancer, sous forme de slogans, jamais malveillants, Sans vouloir pour autant donner des leçons. Par exemple, avec la chanson Mon androïde, c'est évident dans 30 ans, on ne sais pas où sera la place de l'humain dans le monde. Il va y avoir des androïdes pour aider les personnes âgées, assister les gens au quotidien, et puis petit à petit, ça risque de prendre de l'ampleur, on aura des androïdes partout, pour tout, et tu finiras par dormir sur le canapé (rire). Il y a des trucs qui sont fabuleux dans la technologie, faut pas non plus être anti progrès mais regarde avec  l'intelligence artificielle, le réel et le virtuel sont déjà difficiles à distinguer. La reconnaissance faciale aussi, avec tout ce qui se passe en Chine, on est carrément dans 1984. C’est flippant.


C’est le côté science-fiction où vous allez puiser pour développer votre univers, vos sources d’inspirations ?

Oui complètement. Dans la littérature, la BD, le cinéma, les séries tv aussi, on est fan de Black Mirror par exemple. A chaque fois qu'on voit un épisode, on se dit, “mais on y avait pensé pour un texte”, et ça nous inspire autant que ça nous interroge. Tout ça rentre dans l’imaginaire collectif de façon hallucinante, et nous qu'est-ce qu'on va devenir…  Je vais peut-être plus chanter, il y aura un programme qui chantera à ma place, peut-être même que je serais plus sur scène du tout. Un hologramme sera à ma place.


Revenons sur l'origine de ce nouvel album, est-ce que tu peux me parler un peu de ça conception  ? Avec David, pendant le covid on s'est dit qu’on allait profiter de ce moment pour composer. Rapidement nous avions huit morceaux avec plein d'idées. Puis  tout ça détermina les thèmes que nous allions pouvoir utiliser de ce deuxième album. Et il y a eu un long temps d’attente dû au bouchon dans l’industrie de la musique. Tout le monde avait travaillé sur un album, pendant le confinement et voulait le sortir en même temps. Finalement on avait fait nos morceaux avant et on les a sortis presque deux ans après les avoir écrits. Ça nous a bien mis dans la merde entre guillemets, avec une tournée foutue à la corbeille, même si quelques dates qu'on été reporté. Ça nous a un peu fait redescendre, puis on s'est dit : "on lâche rien, on est des guerriers, on y retourne, on a des choses à dire ".

 


©Christophe Crénel


Et pour l'écriture en français ça t'a aussi imposé plus de rigueur, parce que l'écriture en français et en anglais c'est pas vraiment la même chose ?

Oui, le choix du français me paraissait plus percutant. Même si pour le premier album, j'avais envie d'écrire en anglais, pour celui-là on est parti sur des rythmiques qui collaient avec le français.  j'ai travaillé plus justement dans l'esprit de slogan, plus frontal et c'est pas évident, avec la musique qu'on fait, on peut pas faire des longues phrases, ça match pas, donc j'ai essayé de trouver des mots qu'on pourrait faire sonner «  des paniques à bord, stress maximal, phobie qu'à mort », de trouver des résonances comme ça. Je me suis amusée,  à tel point que j'ai pas mal écrit pour le prochain. (Rire)


Vous avez déjà fait quelques belles dates pour la sortie de l’album. Quel est votre ressenti sur ce retour à la scène par rapport au public, par rapport à vous même, l'attente, l'investissement que vous avez donné ?

C’est super de revenir sur scène, on adore ça, quoi qu'il se passe, et avec les gens on a l'impression qu'ils ont énormément besoin de se lâcher, on l'a ressenti directement à la première date. Les morceaux de cet album s'y prêtaient bien, « Décadanse Générale, Le Monde Va Mal », ça électrise,  alors «  dansons. profitons de l'instant », c'est un peu aussi le message.


Si on veut synthétiser un peu, la poison en réalité c'est plutôt un médicament ?

Bah oui la poison c'est l'antidote. et danser est la meilleure des automédication.... (Rire)


Stéphane Perraux





Décadanse Générale (2024)





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