Martin Dupont, groupe culte du Marseille des années 80 nous revient et Persona se devait d'être de la partie tant le groupe a bercé notre adolescence. En apéro de l'entretien avec Alain Seghir à venir dans le futur n°26 fin juin, voici quelques extraits.
Le groupe sera sur la scène du Trabendo ce samedi 25 mai et c'est une joie pour beaucoup d'entre nous !
Votre son était novateur pour l'époque, quelles relations aviez-vous avec les autres groupes de Marseille justement ?
J'ai toujours eu l'image d'un marginal. Dans le milieu de jazz je n'étais pas accepté parce que je n'étais pas jazzman, idem pour le milieu rock'n'roll et il n'y avait pas vraiment de scène new wave ou électro pop. J'étais donc un peu seul dans mon coin et puis j'étais étudiant en médecine donc je ne cherchais pas à multiplier les concerts. J'avais malgré tout un rythme de vie incroyable. J'étais donc hors-circuit par rapport aux autres musiciens qui trainaient dans les bars ou dans les clubs. C'est petit à petit que les gens sont venus vers moi. Un groupe de copains avaient formé le groupe Academie qui ensuite est devenu Vienna et dont la chanteuse a été la compagne de Martin Gore, mais je n'avais de connivence avec aucune scène musicale à Marseille.
S'appeler Martin Dupont était périlleux car peu attractif, c'est pourtant le nom que tu avais choisi. D'où vient ce choix ?
Oui, c'est très juste, mais j'aimais le côté impersonnel du nom. Si je chantais en anglais c'était aussi par pudeur car je n'avais pas envie que mes parents entendent les plaintes de mon coeur. C'était donc pour moi un outil de discrétion. Je ne voulais pas me revendiquer, comme la majorité des groupes, avec un nom anglo-saxon ou avec un nom à consonance philosophique ou idéologique. Martin Dupont c'était la neutralité absolue pour moi. Ça m'était venu en bricolant des sons sur un synthé et en me moquant d'un ami qui me parlait du son de Martin Hannett pour Joy Division. J'avais alors prononcé " Martin Dupont " avec un bel accent marseillais souligné. Un label nous avait sollicité et nous avait demandé le nom du groupe pour ma toute première cassette et j'avais balancé ce nom comme ça. De toute façon je ne croyais pas en un quelconque avenir et comme je le disais, je tenais à cette forme de discrétion. Ça a dû nous desservir en France, mais paradoxalement ça paraissait classe et original aux USA, tout comme en Allemagne, mais je ne l'ai su qu'après.
Trente ans après la fin du groupe, Martin Dupont refait alors surface. Racontes-nous.
Un jour, Alex le boss d'Infrastition m'invite à un concert privé de Collection d'Arnell-Andrea à Paris où on me présente un couple, Sandy Casado et Thierry Sintoni, formant le groupe Rise and Fall of the Decade. Nous avons découvert que nous habitions à 15 km les uns des autres. Nous nous sommes revus et de fil en aiguille ils m'ont proposé de m'aider à rejouer sur scène les morceaux de Martin Dupont. Afin de voir ce qu'il était possible de faire, j'ai demandé à Thierry de travailler sur un morceau que je n'avais pas vraiment terminé à l'époque, Love on my side. Tout en gardant l'esprit de départ, le lendemain il m'envoyait une version du morceau dont je ne revenais pas. Le week-end d'après je suis allé placer une voix dans son studio afin là-encore de vérifier si ça fonctionnait. Il avait aussi retravaillé Your Passion et devant l'enthousiasme d'un ami à Cherbourg du label Meidosem, ça nous a donné envie de continuer à travailler sur la métamorphoses d'anciens titres. Là-dessus, le confinement contre le Covid est arrivé et nous avons donc conçu l'album Kintsugi, qui se nomme ainsi puisque c'est l'art de réparer la céramique brisée en la sublimant avec de l'or.
En tout cas, cet album réalisé, là on se sentait prêts à reprendre la scène.
Est-ce que tout le monde est là du groupe d'origine, qui sera sur scène ?
Catherine et Brigitte ne seront pas là non, mais Beverley fait toujours partie du groupe et a joué en 2023 sur la tournée américaine. Pour des raisons d'ordre personnel, elle ne pourra pas forcément être présente sur les prochaines dates, elle viendra quand elle le pourra. Sandy Casado et Thierry Sintoni seront sur scène avec moi avec Olivier Leroy que j'ai sollicité pour le live. Je ne voulais pas qu'on utilise des ordinateurs, je voulais des synthés, des boites à rythme et qu'on joue vraiment.
Doit-on attendre un prochain disque composé entièrement de nouveaux titres ?
Les douze morceaux sont déjà prêts dans leur version brute. Chaque fois qu'on en travaille un pour le finaliser, on trouve que c'est le meilleure, ça se passe vraiment bien. En tout cas on ne se presse pas, mais il y a des chances pour que ce soit pour fin 2024 peut-être.
La suite de l'entretien et plus encore sera à suivre dans notre n°26 !!!!!
Frédéric Lemaître
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