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VAMPIRES, PAR DELÀ LE BIEN ET LE MAL


©Olivier Brut
©OLIVIER BRUT

Suite à notre dossier sur les vampires dans le n°27 de la revue papier PERSONA, voici, sorties des catacombes, d'autres voix sur le sujet, toutes aussi passionnantes, enrichissantes et cernées d'un mystère plus dense encore sur ces figures de la nuit. En marge de ce dossier, nous aurons également le plaisir de découvrir au cinéma un nouveau remake du Nosferatu de Murnau, réalisé cette fois-ci par l'américain Robert Eggers et qui sortira le jour de noël, le 25 décembre prochain.



Du sang sur la toile


Le cinéma s’est emparé du thème du vampire dès les années 20 pour en faire un personnage ambivalent dont le pouvoir d’attraction / répulsion a inspiré des centaines de réalisateurs de toutes cultures. Combien d’incarnations tantôt repoussantes, tantôt émouvantes se sont superposées à l’apparence maladive du comte Orlok joué par Max Schreeck dans Nosferatu le Vampire de Friedrich Wilhelm Murnau, premier film du genre ? Pourquoi avoir attribué autant de comportements et de personnalités antinomiques à cet être au naturel morbide, tourmenté par son immortalité qui lui impose une relation dévoyée au reste du monde ? C’est la question que je me suis posée après avoir vu la riche exposition Vampires, de Dracula à Buffy, proposée par la Cinémathèque française, et que j’ai eu envie de creuser avec Florence Tissot, adjointe au commissaire de l’exposition, Matthieu Orléan. 


Avant de te lancer dans les recherches nécessaires à l’exposition, qui ou quoi incarnait le mythe du vampire pour toi ?

Il incarnait à la fois un symbole positif de transgression (des valeurs traditionnelles) et la figure du violeur par excellence à travers laquelle beaucoup de cinéastes érotisent des agressions sexuelles. L’origine du mal et le bouc-émissaire d’une société excluante. Un personnage très ambivalent et la métaphore de « nos propres démons » : la mort, le racisme, l’impérialisme, le harcèlement ou encore les premiers amours et les cœurs brisés.


Le comte Dracula est un des piliers de la culture gothique alors que des centaines d’autres vampires tout aussi séduisants et dangereux fourmillent dans la littérature romantique du 19ème siècle, de Lestat de Lioncourt à la comtesse Báthory. Comment expliques-tu cela ?

Le Dracula de Bram Stocker (1897) est celui qui a eu la plus grande filiation au cinéma. Il a donné au vampire l’apparence que nous lui connaissons et ses caractéristiques, comme la télépathie. Des adaptations au grand succès comme celles de Terence Fisher ou de Francis Ford Coppola ont fortement contribué à sa postérité. Elles y ont ajouté le plaisir sensuel et la jouissance comme contreparties de l’activité meurtrière de Dracula quand le roman l’associait avant tout à l’horreur. Pourtant l’histoire du 7ème art fourmille d’autres vampires, notamment féminins provenant du livre plus ancien Carmilla de Joseph Sheridan Le Fanu (1871) et de légendes autour de la comtesse Elisabeth Bathory (1560-1614).

 

Christopher Lee a incarné une bonne dizaine de fois Dracula, rencontrant un succès phénoménal à chaque fois. Sais-tu pourquoi  ?   

Christopher Lee, acteur à la voix basse et à la grande taille, est sélectionné pour incarner Dracula pour la première fois dans Le Cauchemar de Dracula en 1958, après son interprétation de la créature de Frankenstein dans Frankenstein s’est échappé de Terence Fisher.

Il est intéressant de resituer ce film historiquement car il fait suite au changement législatif de la définition de l’obscénité aux Etats-Unis l’année précédente.

La censure se relâchant, le vampire permet alors aux producteurs de miser à répétition sur l’érotisme et d’aborder les sujets les plus hardis de façon acceptable. Ce qui ouvre la voie à une série de genres cinématographiques comme la sexploitation, le porno chic puis dans les années 1970 le rape & revenge.


Le studio de la Hammer s’impose dans ce contexte sur le cinéma populaire européen et mondial.

 

On note une évolution du personnage très laid du Nosferatu de Murnau à celui de l’amoureux déchu, mais charmant, proposé par John Badham dans son film de 1979. A ton avis comment et pourquoi s’est opéré cette transformation ?

 Le vampire a d’abord l’apparence d’un aristocrate isolé, grand et laid (tout en étant fort et irrésistible !). Au fil des décennies, des incarnations plus ambivalentes et plus humanisées se multiplient à l’écran. Elles proposent des personnages distingués, sexy et cool, plus en prise avec des questionnements existentiels ou encore victimes comme les humains d’une société injuste et dangereuse. Le vampire a ainsi eu tendance avec le temps à sortir de son image de chatelain réactionnaire pour devenir plus proche de nous, plus démocratique, son passé d’humain devenant un ressort narratif. Il ne cesse d’évoluer car il continue de fasciner pour les rapports de pouvoir qu’il symbolise, parce qu’il incarne la mutation-même et qu’il est le reflet des époques qu’ils traversent.


©Eiko Ishioka

Autre révolution marquante dans l’imagerie du vampire, c’est celle imposée par Coppola en 1992 avec les costumes somptueux de son Dracula, bien loin du smoking et de la cape immortalisés par Bela Lugosi.

Les costumes ont été conçus par l’artiste Eiko Ishioka avec qui le réalisateur avait déjà collaboré précédemment et qui bénéficie pour cette superproduction d’un budget très important. Elle emprunte à plusieurs cultures orientales et occidentales. L’influence japonisante se retrouve tout particulièrement dans le fameux manteau rouge porté par Gary Oldman qui se déploie au-delà du corps presque comme un décor à part entière. Jusque-là, Dracula était très marqué au cinéma par son style vestimentaire victorien : costume noir et blanc trois pièces, cape, chapeau. Eiko Ishioka arrive à créer un personnage ni vieux ni jeune, mi-animal et mi-humain. Elle s’inspire aussi de la peinture de Gustav Klimt Kiss (1908) et de la mosaïque byzantine.


Le Baiser (Gustav Klimt 1908)

The Hunger (Les Prédateurs) 1983

Grâce aux œuvres exposées, notamment les gravures et les livres, on comprend que les premiers personnages auxquels on prête les caractéristiques du vampire sont des femmes. Quel est le 1er film dans lequel on donne un rôle d’envergure à une femme vampire où elle ne serait pas une victime ?

En effet au 18ème siècle, le prédateur est plus communément incarné dans la littérature par une femme. Au cinéma, les vampires féminins sont souvent cantonnées aux rôles des trois créatures tenues sous le joug de Dracula dans son château, qui séduisent plus qu’elles n’effraient. Elles sont régulièrement dépeintes comme des victimes vêtues de robes aux décolletés plongeants qui semblent traverser les épreuves sans s’en même rendre compte. Dans Les Prédateurs de Tony Scott (1983), qui reflète par ailleurs le début de l’épidémie du Sida, Catherine Deneuve interprète enfin une vampire indépendante et manipulatrice. Elle incarne un être surnaturel maîtrisant son apparence, mais aussi l’histoire, la culture, et ses amants dont fait partie David Bowie.



Sheila Vand dans A Girls Walks Home Alone at Night, 2014

Quel est ton personnage de vampire féminin préféré et pourquoi ?  

J’aime beaucoup « The Girl » interprétée par Sheila Vand dans A Girls Walks Home Alone at Night d’Ana Lily Amirpour (2014), réalisatrice américano-iranienne. Sa préoccupation première n’est pas la séduction ni la survie mais un fort sens de la justice. Plus complexe et plus puissante, ce personnage s’éloigne radicalement du personnage de la jeune fille victorienne. Le film est par ailleurs très inventif visuellement et renouvelle avec humour les motifs vampiriques comme la cape. J’aime également Pamela Swynford de Beaufort interprétée par Kristin Bauer van Straten dans la série True Blood (2008-2014) d’Alan Ball. Elle a un sens aigu de l’ironie et de la répartie, et détient une force stratégique et physique impressionnante. Comme d’autres séries télévisées, les humains s’y révèlent plus pervers que les soi-disant prédateurs tandis que les vampires évoquent différentes minorités, notamment celles des LGBTQIA+, rejetés pour leur identité.


Propos recueillis par Cathimini




Trois questions à Quentin Rollet


Nosferatu de Murnau (1922)

Quentin, tu as sorti le CD d'une bande-son pour le 100e anniversaire du Nosferatu de Murnau.

Comment votre trio a-t-il travaillé pour ce rendu en 10 titres et aviez-vous des contraintes ?

Nous avons travaillé de manière très spontanée et rapide au départ. On a remplacé au pied levé Murcoff qui devait présenter son Nosferatu en ciné-concert à la Cinémathèque française en 2021 et il n'a finalement pas pu honorer son contrat. Au départ c'était Jérôme Lorichon et moi-même qui devions faire ce remplacement. Mais, ayant travaillé en improvisation peu de temps avant avec Emmanuelle Parrenin, nous lui avons proposé de nous rejoindre pour ce projet. Ensuite le travail de composition/improvisation s'est fait en trois sessions, en improvisant pendant le visionnage du film. Jérôme a ensuite préparé quelques boucles sur lesquelles faire évoluer nos différents sons. En gros nous avons créé des ambiances, reproductibles, sur lesquelles développer nos improvisations. La musique que nous avons créée pour ce film n'est pas fixée, elle est différente à chaque représentation (actuellement nous avons joué quatre fois ce spectacle : deux fois à la Cinémathèque, une fois au Melies à Montreuil dans le cadre de la semaine du Bizarre et en ouverture du festival du film d'épouvante de Strasbourg). Pour ce qui est de l'enregistrement du CD, nous avons procédé de la même manière. Nous nous sommes enfermés pendant deux jours dans une maison à Vitra-sur-Seine et avons fait trois " passes " en direct, sur l'intégralité du film. Patrick Müller, avec qui je travaille depuis très longtemps nous as enregistré en multipiste et nous avons ensuite sélectionné ce qu'il y avait de meilleur de chaque prise pour en faire une pièce de la durée du film (étant donné que l'enregistrement commandé par Potemkine Films était prévu pour apparaître comme musique par défaut pour l'édition française DVD/BluRay des 100 ans du film. Mais au dernier moment, les ayants-droit de la musique originale ont mis leur veto. Nils Bouaziz, de Potemkine, très embêté (et frustré) d'en arriver là après deux ans de travail sur cette réédition nous as autoriser à éditer l'enregistrement. C'est donc le label BISOU qui a pris le relai sur ce projet. Après réflexion nous avons décider de réduire la musique pour en faire un véritable album autonome, que l'on puisse écouter sans regarder le film. Et nous avons donc édité les morceaux, ne gardant que l'essentiel pour que cela soit musical.


Cela rappelle le procès du film où Murnau a dû détruire les copies du film. La malédiction continu ?

C'est loin d'être une malédiction dans le cas de Murnau. C'est en fait une sorte de plagiat. Il n'a jamais voulu payer les droits d'auteur pour l'adaptation du livre de Bram Stoker. Dans notre cas, Potemkine Films travaillait de concert avec la Fondation Murnau sur la réédition du film pour sa 100ème année. La Fondation Murnau était au courant qu'il y aurait d'autres pistes musicales que la musique originale sur le DVD/BluRay mais c'était sans compter les ayants-droit qui, plutôt que partager les droits musicaux, ont préféré s'opposer à tout changement. C'est bien dommage mais ça a donné ce livre-CD à la place.



Justement, un très beau livret de dessins accompagne ce CD. Comment les auteurs ont-ils été choisis ?

Pour le livre, Isabelle Magnon et moi-même avons sélectionné des artistes français dont nous apprécions le travail et chez qui nous avons senti un intérêt pour ce projet. Deux autres artistes étaient envisagés mais n'étaient pas disponibles pour rendre les images en temps et en heure. Nous avons donc décidé de travailler avec Marie-Pierre Brunel (beaucoup plus connue pour ces grandes toiles très colorées), Foolz (de Charlie Hebdo, mais que nous connaissions bien avant son entrée au journal), Caroline Sury (dont le travail de découpage est extraordinaire) et Alexios Tjoyas (rencontré il y a plus de 20 ans et recroisé récemment, aussi connu pour ses oeuvres très colorées et psychédéliques). Ils ont tous joué le jeu en s'adaptant à nos contraintes (le noir et blanc, et 10 pages maximum) et nous ont confié leur formidable travail (qui a donné lieu à une exposition des toutes les oeuvres du livre pour la sortie du livre-CD).



Propos recueillis par Frédéric Lemaître



Rencontre avec Jacques Sirgent, vampirologue


Jacques Sirgent par Frédéric Lemaître


Historien, auteur de plusieurs livres, Jacques Sirgent est une figure majeure du vampirisme, sujet vaste et ancien, qui, de nos jours encore interroge nombre d'entre nous, souvent stupéfaits, comme ce jour où la revue PERSONA est entrée au musée des vampires, antre incroyable conçu par Jacques Sirgent lui-même et recréé à l'aide de Yeux Noirs après un déménagement nimbé de mystère.

L'homme, non avare d'anecdotes et de détails historiques, fascine ou fait peur. Bienvenu en Enfer !


Jacques, à quand remonte cette passion pour les vampires et qu'est-ce qui l'a provoquée ?

A l'âge de sept ans j'ai eu accès à une bibliothèque pléthorique et sélective, la collection de contes et légendes de chez Nathan : Balzac, Barbey d'Aurevilly, Hugo, Baudelaire, Dumas, les aventures d'Arsène Lupin. Ensuite j'ai passé trois ans dans un collège Catholique irlandais où j'étais fouetté dès que je posais des questions de fond auxquelles on refusait de répondre et j'ai par conséquent été confronté très jeune aux notions de bien et de mal . J'ai vu Nosferatu à la télévision et l'ai trouvé nettement plus humain que les religieux qui me donnaient des coups de lanière. Je suis diplômé de l'université de Genève où je me suis spécialisé dans la personnification du mal en littérature, une spécialisation que j'ai choisie et que l'encadrement de la fac de lettres a accepté, du deug à la licence et au master de lettres avec un mémoire sur la notion de Diabolisme chez Barbey d'Aurevilly. J'ai ensuite enseigné l'anglais et le français à l'IUT d'Orsay, à l'ESCP, à l'Université de Paris XIII, dans des entreprises du CAC 40, au service de communication du Gouvernement, à la DGA. Au cours de cette carrière j'ai au pu continuer à approcher et étudier le mal, entre autres thèmes. J'ai arrêté en 2002, ayant été témoin de techniques de harcèlement particulièrement perverses au sein d une entreprise et j'ai décidé de créer le musée des vampires et autres monstres de l'imaginaire, puis d'écrire sur ces créatures nocturnes, fées, vampires, loups garous, sorcières réelles et fantasmées, pour montrer qu'elles ont plus d'empathie et sont moins monstrueuses que bien des humains.




©OLIVIER BRUT

En déambulant dans votre musée devenu secret, on peut voir des objets, des livres, des figurines. On passe du folklore général sur les vampires aux livres anciens les plus érudits. Où vous situez-vous dans cette collection des plus éclectiques ?

Je ne quitte jamais mon domaine de prédilection qui est l'étude du mal chez les créatures imaginaires censées la personnifier pour la transposer chez les êtres dits « humains » bien réels. Avec cette définition, le mal c'est la douleur qu'on inflige volontairement à quelqu'un. Ces créatures sont un instrument d'étude pour me focaliser sur l'humain et l'inhumain.

Mes parents se sont mentis pendant toute la seconde guerre mondiale, ma mère ne savait pas que mon père réceptionnait des armes et les cachait et mon père ignorait que ma mère portait des messages. Arrêtée peu de temps avant la libération, torturée, elle a perdu la mémoire qui n'est revenue que très progressivement. Je la voyais parfois pleurer, sans bruit, les yeux dans le vide, j'avais 5 ans. Par conséquent, que je ne pouvais rien faire pour atténuer son chagrin. Revenu à Paris à 10 ans, j'ai décidé un soir d'emmener ma mère, dépressive, à l'Opéra-Comique. Après le spectacle, en marchant avec elle dans une ruelle près de la rue saint Denis dont j'ignorais la spécificité, une jeune femme se précipita vers moi en criant « Aide moi ». J'étais statufié car c'est moi qui tenais la main de ma mère, plus qu'elle qui tenait la mienne. Deux hommes arrivent, prennent la jeune femme et la forcent à monter dans la voiture, puis disparaissent. Nous étions seuls dans cette ruelle. Après ma mère, c'était la deuxième femme que je rencontrais qui avait besoin d'aide et pour qui je n'ai rien pu faire. Alors j'ai décidé très jeune de m'attaquer au mal. Le vampire c'est la plus humaine des créatures de l'imaginaire, elle vous immortalise et c'est le seul « monstre » qui vous laisse le tuer, sans risque, quand il dort, si vous-même ne l'aimez pas.


Propos recueillis par Frédéric Lemaître

(Merci à Olivier Brut de nous avoir permis cette rencontre)



Céramique de Cecilia Meneau


Et pour finir, nous publions ici également l'entretien avec Marcel Burel paru dans la revue PERSONA n°27


Collaborateur régulier pour le magazine de cinéma fantastique Mad Movies pendant presque 20 ans, Marcel Burel a aussi conçu un fanzine dédié aux vampires, The Bat, au début des années 80.


Quel est ton lien avec le cinéma fantastique ?

J’ai découvert le cinéma fantastique à l’adolescence. Je me souviens de mon premier Hammer film, Les maîtresses de Dracula, qui m’avait beaucoup impressionné. Puis j’ai effectué un stage à la Cinémathèque de Paris dans les années 70. Je m’y suis un peu ennuyé et j’ai écrit mon rapport de stage sur les fanzines de cinéma fantastique. A cette occasion j’ai rencontré Jean-Pierre Putters le fondateur de Mad Movies et je me suis mis à collaborer régulièrement pour le magazine.

 

Tu as ensuite créé The Bat, en 1981 “ Publication amateure, irrégulière, à but non lucratif et à tirage limité ” selon tes propres termes.

Je travaillais dans un bureau hyper bien équipé en matériel : des machines à écrire électriques, des photocopieuses. J’ai tout tapé moi-même à la machine, c’était un boulot de dingue. A cette époque, tout le monde faisait du fanzinat, c’était un peu la carte de visite qui validait un savoir-faire. Il y avait aussi une grande solidarité entre les fanzines, on s’achetait les numéros des uns des autres.The Bat a été tiré 500 exemplaires, mais il n’y a eu qu’un seul numéro. J’avais l’idée d’en produire d’autres mais c’était vraiment trop de boulot (rires)

 

Le numéro 1 de ce fanzine propose une approche des rapports ambigus qu’entretiennent la religion et le vampirisme.

Oui, je cherchais un angle un peu original et à ce moment-là, on pouvait parler de ce qu’on voulait, tout était nouveau et ce sujet n’avait pas encore été traité. J’explique dans cet article que le vampire ne peut guère exister en dehors de la religion : la religion judéo-chrétienne notamment a récupéré le mythe et les légendes du vampire pour en faire un symbole du mal, voire du satanisme. Dans ce numéro, j’ai consacré plusieurs pages au scénariste Richard Matheson (auteur de Je suis une légende, plusieurs fois adapté au cinéma).

 

Qui a dessiné le superbe vampire de la couv de The Bat ?

Il s’agit de Denis Couchaux, un copain graphiste, photographe et architecte. Denis avait aussi dessiné la couverture du numéro 2 sur les agressions animales au cinéma (King Kong, Les fourmis géantes). Ce numéro n’est jamais sorti et pourtant le sommaire était bien avancé : Jean-Pierre Putters avait écrit une nouvelle dans l’esprit d’Edgar Allan Poe et Marc Toullec (désormais pilier de Mad Movies) avait rédigé un papier sur Charlton Heston et le cinéma fantastique (La Planète des Singes, Soleil Vert...) Ce numéro 2 sortira peut-être un jour, qui sait ?

 

Quels sont, selon toi, les films de vampires à voir absolument ?

Le cauchemar de Dracula avec Christopher Lee (1958), Le Dracula de John Badham (1979) qui est un peu dans l’esprit comédie musicale, avec Donald Pleasence. Mais il faut aussi revenir à la source et lire Dracula de Bram Stoker (1897).


Christopher Lee

Et la meilleure incarnation de Dracula à l’écran ?

Je dirais Christopher Lee, même s’il n’aimait pas qu’on l’associe systématiquement à ce rôle-là. Je l’avais rencontré pour Mad Movies lors d’un festival et il en avait marre de répondre aux questions des journalistes qui le ramenaient sans cesse à Dracula (rires).

 

Tu cites beaucoup de films de l’âge d’or de la Hammer, entre les années 50 et 70. Mais que penses-tu des films de vampires plus récents ?

Ce qui est passionnant avec les vampires, c’est que le mythe est sans cesse renouvelé, c’est une source d’inspiration inépuisable. Par exemple, dans le film de Jarmush Only lovers left alive, les vampires portent des lunettes de soleil alors que dans les tous premiers films, le moindre petit rayon était une catastrophe pour le vampire. Le mythe a évolué dans l’espace aussi car il y a des films de vampires hindous, turcs, grecs mais tous reprennent quand même les codes liés à la religion (la croix, l’eau bénite). Enfin, n’oublions pas Nosferatu de Murnau, mythique d’autant plus que les ayant-droit de Bram Stoker avaient intenté un procès à Murnau et exigé la destruction de toutes les copies. Heureusement quelques-unes de ces copies ont survécu.

 

Aux lecteurs de Persona qui aimeraient se procurer un numéro de The Bat, est-ce encore possible ?

Oui il reste encore quelques exemplaires en vente.


Propos recueillis par Caroline Filliette


Lien pour la vente : caroxfilliette@gmail.com


Nosferatu de Murnau (1922)

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