© Mathilde Lacour
Les musiciens sont des êtres humains comme les autres, même si parfois certains d’entre eux s’affublent de patronymes fantasques pour mieux pouvoir se réunir et donner ainsi naissance à une créature totem protéiforme. Nageant avec agilité entre cold-wave nerveuse et râle post-punk animal, Vipères Sucrées Salées, en est la parfaite incarnation. Ce trio carnivore, formé de jeunes Lyonnais sauvages, cache derrière cette sonorité au fer rouge, un point d’ancrage sensible qui marque tel un tatouage à l’encre phosphorescente, leurs slogans ivres de liberté en faisant scintiller leurs âmes ombrageuses.
Avec un 1er E.P éponyme cinglant qui sortira le 17 mars, nous pouvons entrevoir, dans un bordel bien rangé, leurs personnalités et leurs cassures. Sans nul doute, à l'écoute de celui-ci, ses taxidermistes à la sauce Frankenstein sauront vous mater en 5 coups de poing dans la face. Cette bande amicale évoque avec nous leurs créations rugueuses…
Quelle est l’idée de départ de votre trio Vipères Sucrées Salées ? Au fur et à mesure que nous avancions dans le projet, nous nous sommes retrouvés à avoir beaucoup de séquences et d’instruments type “synthé ” qui étaient joués à la fois. De base nous sommes deux guitaristes et ça devenait évident qu’on ne pouvait pas tout faire, ni tout jouer à la fois. D’un point de vue artistique, intégrer un claviériste était une bonne option ! Alors Axel est arrivé dans le groupe à ce moment là.
Prendre une Vipère comme animal totem c’est curieux. Ce choix est-il le fruit du hasard ? Ou alors l’avez-vous choisi symboliquement pour sa capacité à muer dans une forme de renaissance ? L’idée de la vipère est partie d’un délire. On se promenait sur l’île de Batz (Bretagne) et on s’imaginait que l’île était peuplée de créatures sorties d’un autre monde. Des singes fluorescents à bras sandwich, des mouches qui brillent, des vipères sucrées salées… Au moment de former le groupe on a instinctivement choisi la dernière option ! Ca sonnait bien et ça avait du sens artistiquement avec ce qu’on faisait.
Avez-vous composé votre E.P à trois ? Comment fonctionnez-vous ? L’EP a été composé dans sa quasi intégralité par Mattis (guitare/chant). C’est lui qui est à l’initiative du projet et qui a donné le ton pour ce premier E.P – les autres n’étant à ce moment-là pas présents. Le dernier morceau Le Coeur et les Lumières est aussi une de ses compositions mais cette fois ci arrangée avec tout le groupe. Tout se fait à la maison et dans la plupart des cas, nous travaillons chacun de notre côté sur une compo et ensuite nous la proposons aux autres. Assez rapidement nous tombons tous d’accord pour savoir si ça colle avec l’esprit du groupe !
© Mathilde Lacour
Sans chercher à vous coller des étiquettes, vous avez forcément des influences. Qu'avez-vous écouté pendant la composition du E.P ? Dans les grandes lignes on peut parler de post-punk, de new wave et cold wave je dirais, avec des influences électroniques et industrielles comme celles de Einstürzende Neubauten. C’est assez marrant parce qu’en parallèle on écoutait les Bee Gees et Parcels mais bizarrement on ne le retrouve pas trop dans l’E.P !
J’ai l’impression que dans vos 5 titres il y a un angle d’attaque (une approche) rude, de poésie froide, saillante et pourtant lunaire, ou presque romanesque parfois. Que cherchez-vous à transmettre avec ce disque ? Je pense que cet E.P reflète beaucoup de nos trajectoires personnelles. Pour être sincère il faut être transparent et les textes sont à l’image des moments de galère, des déceptions et des déconvenues qu’on peut rencontrer dans la vie quand on est jeunes adultes. L’art, la musique en général aident beaucoup à garder un cap dans ces moments-là. Mais nous n’avons jamais été défaitistes pour autant ! On aime beaucoup délirer et tourner les choses en dérision. C’est une porte de sortie. Je pense que c’est aussi pour ça qu’on ressent un aspect absurde et décalé dans certains des textes.
Votre premier E.P sort le 14 mars. A quelques jours de la sorte vous vous sentez comment ? Bien excités ! Ça fait à peu près un an que les morceaux sont choisis et que l’atmosphère de l’E.P est dessinée. Nous avons rencontré beaucoup d’aléas, de problématiques techniques en tout genre, ça nous a demandé beaucoup d’énergies, surement dû au fait que ce soit un premier projet conséquent. Mais ça y est le plus gros est fait ! On a bien hâte de pouvoir proposer ça aux gens et d’aller se confronter aussi au public dans la tournée que nous préparons pour cette sortie !
Quels sont vos projets pour la suite ? Nous avons à peu près une vingtaine de morceaux qui sont terminés et nous sommes en train de voir quelles sont les meilleures stratégies de sortie. Est-ce que nous partons sur un deuxième E.P suivi d’un troisième ? Ou est ce qu’on réunit tout dans un album ? On part sur une sortie single avec un clip ? Toutes les options sont possibles ! Dans tous les cas, nous allons prendre plus de temps pour enregistrer nos idées et passer plus de temps en groupe sur la partie arrangement. Travailler plus en profondeur en studio pour avoir un résultat encore plus précis et plus authentique !
Aller creuser encore un peu plus loin l’esprit de ce projet et commencer à serpenter dans la scène rock française…
Stéphane Perraux
1er E.P (17/03/23)
22 mars au Pop Up du Label (Paris - release party)
23 mars au Sonic (Lyon - release party)
24 mars au Mistral Palace (Valence)
29 mars au Fiacre (Bordeaux)
1er avril au Fut Chantant (St Brieuc)
3 avril au Barailleur (Vannes)
4 avril au Bistro de la Cité (Rennes)
6 avril The Message (Troyes)
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