Fiction, réalité, ou bien n’est-ce qu’un rêve éveillé ? Se retrouver à l'Hôtel La Louisiane est tel un saut dans le temps où se bousculent à notre mémoire les noms savoureux de ceux qui y ont séjourné : Verlaine et Rimbaud, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Miles Davis et Juliette Greco ou bien encore Henry Miller, Boris Vian, et même Syd Barrett... la liste est infinie.
L’histoire de ce lieu et si riche en anecdotes que ses chambres sont des échos d’amour, de joie et de désespérance. Rendez-vous clandestins, amour à l’arrache, sentiments enfouis, sûr que le soir à la nuit tombée les fantômes hantent les couloirs et font craquer le parquet.
Quand Nicolas Comment et Étienne Daho, deux artistes chers à PERSONA s’y retrouvent, qu’est-ce que cela donne ?
Un tourbillon d’images entre alors en jeu où la muse Daho se fond dans l’œil de Nicolas et dans un parcours labyrinthique habitent ensemble ce lieu mythique.
L’hôtel La Louisiane c’est évidemment aussi l’ Hôtel des infidèles, sublime morceau du dernier album d’Étienne Daho, Blitz, et qui donne son titre à l’exposition. D’ailleurs, au premier étage, dans cette antichambre bleue nuit, figure un des plus beaux portraits de la série, accolé au texte de la chanson.
On se balade ensuite dans l’exposition comme on chercherait sa chambre, dans le dédale des couloirs de cet hôtel resté le même depuis des siècles, nous semble-t-il et dans les recoins un peu désuets, entendre la respiration des amants ou des résistants en alerte, comme à la fin de la chanson d’Etienne. Chacun alors flâne dans l’intime de ses sentiments et plaque sur les murs ses propres souvenirs, espérances, et déambulations intérieures. Nicolas, de son objectif malin nous offre une vision orgiaque entre l’homme et l’espace, photographiant autant le lieu que le poète car ici Étienne y défile, pose, observe, se défile, fuit une présence au monde pour en trouver une autre, plus solitaire… Et cette apparition / disparition, Nicolas a su en esquisser le profil et en restituer le silence, « ce silence maudit de la rue de Buci », sur laquelle donne la rotonde de la chambre 10.
Il vous reste quelques jours, allez donc à votre tour déambuler à travers ces couloirs, visiter ces images et inviter les fantômes à entrer dans la transe.
Frédéric Lemaître Merci à Charlotte Saliou, Xavier Blanchot et l’hôtel La Louisiane.
Proposé par l'Hôtel La Louisiane, voici le récit qu'Étienne Daho a livré de la naissance de l'exposition Hôtel des infidèles.
Quand vous aviez 17 ans puis les années qui ont suivi, qu'avez-vous vécu à la Louisiane ?
J’ai découvert la Louisiane au mitan des années 70. Je m’étais retrouvé dans la chambre 10 qu’occupait un certain Monsieur Louis, intello excentrique et révolutionnaire. Nous étions plusieurs et étions tous subjugués par son brio et sa vision du monde. Il tenait salon à la Palette et ramenait son auditoire dans sa chambre après la fermeture du bar. Les conversations animées et alcoolisées duraient toute la nuit. Cela m’a inspiré Hôtel des infidèles une chanson de mon dernier album BLITZ. Par la suite j’y ai séjourné quelques fois, notamment lorsque je suis arrivé de Rennes au début des années 80. J’y séjournais ensuite au gré de mes romances.
En quoi l'hôtel vous inspire-t-il ?
Je suis fasciné par les lieux qui ont conservé l’énergie laissée par tous les êtres exceptionnels qui y ont séjourné. La Louisiane est notre Chelsea Hôtel. Les énergies laissées par tous ces artistes et penseurs est palpable. C’est très inspirant.
Que ressentez-vous en revenant après tant d'années, à La Louisiane ? Est-ce que ce "retour " donne le vertige ?
La Louisiane est un lieu rassurant car il ne change pas. C’est un genre de Time Capsule vertigineux. C’est également un lieu chargé d’histoires fortes et de fantasmagories et c’est probablement la raison pour laquelle beaucoup y sont attachés. L’endroit respire la liberté et l’aseptisation de nos sociétés rendent l’endroit encore plus miraculeux.
Qu'avez-vous apprécié pendant la séance photo avec Nicolas Comment et qu'est-ce qui vous plaît dans ses images ?
J’avais accepté de faire une séance photo pour « Dahovision(s) » un essai de Sébastien Monod. L’éditeur a proposé le photographe et musicien Nicolas Comment dont j’aime le travail. Je lui ai suggéré un shooting à la Louisiane. La séance s’est déroulée dans une ambiance contemplative. Nous n’étions que tous les deux et le charme de l’endroit a agi sur nous. Après la séance il y avait tellement d’images, que Nicolas Comment et Charlotte Saliou ont eu l’idée de les exposer. Elles ressemblent a des petits tableaux et ont déjà un petit parfum d’histoire. Un bout de temps capturé pour l’éternité dans cet endroit romanesque.
Charlotte Saliou
ÉTIENNE DAHO & NICOLAS COMMENT
Hôtel des infidèles // (Chicmedias éditions)
Édition limitée à 750 exemplaires.
Exposition Hôtel des infidèles, à l'Hôtel La Louisiane, 60, rue de Seine - 75006 Paris,
jusqu'au 14 novembre 2021.
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